Portrait d’une réussite du microfinancement communautaire
Par Équipe Alterna
novembre 01, 2021

À la rencontre de Sergio Navarretta et d’Alessandra Piccione : réalisateurs et cofondateurs de S.N.A.P. Films inc.

Sergio Navarretta et Alessandra Piccione, cofondateurs de SNAP Films inc., respectivement réalisateur et scénariste, collaborent pour créer des histoires percutantes pour le grand écran la télévision. Looking for Angelina, le premier long métrage de l’entreprise, a remporté quatre prix internationaux de distinction. Il a été projeté en salle dans quinze villes canadiennes et présenté dans des festivals prestigieux au Canada, en Italie, en Inde et à Los Angeles; ce long métrage est actuellement projeté dans le monde entier. Ils ont produit aussi plusieurs documentaires, des courts métrages primés et des longs métrages. The Cuban a remporté le
prix du meilleur long métrage narratif et le prix du public au L.A. Pan African Film Festival et au Festival International du Film Black de Montréal.

Au début de leur carrière, c’est Alterna qui a financé les projets de Sergio et d’Alessandra dans le cadre du programme de microfinancement communautaire. Nous avons eu l’occasion de leur parler de leur expérience d’Alterna et de son influence sur leurs carrières et leurs vies.

Pouvez-vous nous faire part de votre parcours — où avez-vous fait vos débuts, comment votre art a évolué et où vous en êtes aujourd’hui?

SERGIO: Je suis né au Canada de parents qui ont immigré ici parce qu’ils cherchaient de nouvelles expériences. C’est ma mère qui m’a encouragé à me diriger vers le monde de l’art. J’ai fréquenté le Conservatoire royal de musique, d’abord pour me mettre à l’étude de l’accordéon, puis le chant. J’ai fréquenté l’Université York pendant deux ans, mais je manquais de but et d’orientation au cours de mes études. J’ai ensuite rencontré un metteur en scène qui a bouleversé ma vie. Rencontrer quelqu’un à qui je peux m’identifier et le voir produire et réaliser un film, puis le lancer dans les salles était passionnant.

Plus tard, j’ai rencontré par hasard James Cameron, le réalisateur de Titanic. Il m’a donné un conseil qui a changé le cours de ma vie. Il m’a dit : « Si tu veux produire des films, prends ta caméra et commence à filmer quelque chose », et c’est bien ce que j’ai fait. J’ai alors rencontré Alessandra. Nous avons suivides cours chez un  incubateur de jeunes entreprises, reçu un financement, un mentorat et des conseils dans le care du programme de microfinancement communautaire d’Alterna, et commencé à monter notre entreprise. Nous avons enfin réalisé notre premier long métrage. Vous connaissez la suite.

ALESSANDRA: J’ai commencé par suivre des études à l’université. Je faisais une maîtrise en anglais et j’avais l’intention de poursuivre mes études jusqu’à l’obtention de mon doctorat, mais j’ai décidé de prendre une année sabbatique. Je me suis engagée dans une troupe de théâtre à Toronto. On m’a demandé de traduire une pièce de théâtre italienne, et je me la suis appropriée. J’ai apprécié la créativité de ce processus et je m’y suis retrouvée. Peu de temps après, j’ai rencontré Sergio et j’ai travaillé sur un de ses courts métrages. C’est là que j’ai eu un déclic. Je suis aujourd’hui scénariste et productrice.

Vous souvenez-vous de la première fois que vous avez entendu parler de la Caisse Alterna et pourquoi avez-vous décidé de lui demander un prêt?

ALESSANDRA: Mes interactions avec l’équipe de microfinancement étaient révélatrices. On nous a expliqué le programme, ce qui nous a permis de tirer avantage de tous les aspects du soutien offert. Nous avons utilisé le prêt pour couvrir nos frais d’exploitation initiaux et prendre pied dans le secteur.

SERGIO: Les banques traditionnelles nous avaient ignorés. Elles ne voulaient rien à voir avec les médias ou le monde des arts, et c’est encore le cas aujourd’hui. Les grandes institutions financières adoptent une approche manichéenne pour ce qui est des prêts. Alterna nous a ouvert les bras et nous avons alors formé un partenariat véritablement stratégique.

À l’époque, que signifiait pour vous votre premier prêt d’Alterna?

SERGIO: Le prêt nous a permis de gagner en confiance. Il était un sceau d’approbation qui confirmait que nous avions voix au chapitre et que notre travail importait. Le prêt d’Alterna n’était pas que transactionnel; il consacrait notre appartenance à une communauté. Ce premier prêt nous a mis en relation avec un groupe de pairs. Il y avait une obligation de rendre des comptes — nous comptions
les uns sur les autres pour réussir. L’appartenance à une communauté est la clé du succès, c’est l’un des plus grands atouts du programme de microfinancement communautaire.

Quelles ont été les répercussions du microprêt sur votre carrière et votre vie?

ALESSANDRA: Ces fonds nous ont donné des choix qui nous ont permis de façonner la trajectoire de nos carrières respectives. Nous avons pu prendre en charge notre propre parcours plutôt que de dépendre des autres ou de nous attacher à un projet qui n’est pas le nôtre. Le prêt nous a permis d’orienter nos propres carrières et de déterminer, en toute indépendance, les projets sur lesquels nous voulons travailler et que nous voulons développer. Un tel projet n’est possible que si votre entreprise dispose de fonds de roulement.

SERGIO: Je suis aujourd’hui mentor de nombreux artistes en herbe. J’ai récemment dit à l’un d’eux : « Ce que nous faisons est semblable à la construction d’une maison, il faut commencer par les fondations avant de placer une brique après l’autre. » On a tendance — j’en suis aussi coupable — à vouloir sauter les étapes parce qu’on veut tout obtenir rapidement, mais il est impossible de sauter des étapes, il n’y a pas de raccourcis. La collaboration avec Alterna a été le vaisseau amiral, le point de départ de cette aventure. C’est à partir de là que nous avons mis en scène notre premier long métrage, Looking for Angelina, le projet qui nous a ouvert tant de voies et qui a lancé nos carrières de cinéastes et d’entrepreneurs. Bien que nous voulions passer la totalité de notre temps dans le monde artistique, le côté commercial est tout aussi
nécessaire, et c’est ce qu’Alterna nous a aidés à lancer.

Pensez-vous que les programmes de microfinancement influent sur la diversité de la communauté d’artistes?

ALESSANDRA: Certainement! Le microfinancement influe sur la diversité dans les arts du fait qu’il permet à de nouveaux talents de s’exprimer et de créer des projets sans nécessairement avoir le soutien des « institutions traditionnelles ». De tout temps, soit on fait partie du système, soit on n’en fait PAS; soit on est financé, soi on ne l’est PAS. Il est difficile de combler ce fossé. Je pense qu’il (le microfinancement) a une influence très positive parce qu’il aide les diverses voix et les personnes d’horizons différents à bâtir leurs carrières.

SERGIO: En termes pratiques, lorsque vous entrez dans une succursale et que vous côtoyez des gens qui vous ressemblent, qui s’habillent comme vous et qui parlent comme vous, un sentiment d’appartenance germe en vous. Dès le premier instant où nous nous sommes joints à Alterna, j’ai remarqué sa culture d’inclusivité. Tout le monde était d’origines, de races, de couleurs et de religions différentes. Je pense qu’il est essentiel d’intégrer cette dimension de la diversité et de l’inclusion — et Alterna réalise un travail remarquable à cet égard.

Quel conseil financier aimeriez-vous offrir aux jeunes cinéastes et entrepreneurs?

SERGIO: Il faut ensuite apprendre ensuite les principes fondamentaux de gestion d’une entreprise. Vous avez aujourd’hui accès à une énorme quantité de livres, de conférenciers et de ressources dont nous ne disposions pas à nos débuts. Au sein du programme de microfinancement communautaire, nous avons collaboré avec un groupe de cadres supérieurs à la retraite qui nous ont fourni tant de conseils, ainsi que l’équipe d’Alterna, et ce mentorat était essentiel. Aucun de nous deux n’avait une maîtrise en administration des affaires et nous
n’avions aucune idée comment gérer une entreprise.

Je crois bien que c’est le meilleur conseil que je peux fournir. Mettez une équipe en place; votre banque, votre avocat, votre comptable et vos conseillers — que vous ayez de l’argent/des ressources ou pas, vous pouvez toujours faire appel à ces personnes. Au tout début, nous n’avions rien, mais nous sommes allés voir l’avocat le plus réputé de Bay St. et le plus grand cabinet d’expertise comptable parce que nous
considérions que cela ouvrirait grand les portes de notre réseau et que nous obtiendrions les conseils et la confiance dont nous avions besoin.

ALESSANDRA: Je leur conseillerais de faire appel à Alterna. Travailler avec Alterna au tout début a été essentiel pour nous, et nous sommes vraiment reconnaissants de cette expérience.

Le programme primé de microfinancement communautaire de la Caisse Alterna est incomparable dans le secteur depuis sa création il y a plus de 20 ans et continue de l’être aujourd’hui. Il témoigne de l’engagement d’Alterna à soutenir les entrepreneurs mal servis et à accroître l’équité et l’inclusion économiques dans toutes les collectivités du Canada. Jusqu’à présent, le programme a fourni plus de 7,1 millions de dollars en microprêts à un large éventail d’entrepreneurs, d’artistes, de gens de métier, de nouveaux arrivants, entre autres. Le programme n’a rien perdu de sa vigueur.